Un affrontement inattendu oppose l'univers familial et consensuel de Nintendo au gouvernement américain. La raison : le département de la sécurité intérieure (DHS) a utilisé la licence phare Pokémon – et son slogan emblématique « Attrapez-les tous ! » – pour faire la promotion de sa politique d'expulsion des migrants clandestins.
Face à la polémique, la firme japonaise a été sommée de réagir pour se dissocier d'une campagne de communication jugée déshumanisante et dangereuse.
Une analogie choquante entre monstres de poche et humains
Le département de la sécurité intérieure américain, dans le cadre de son offensive contre l'immigration, a diffusé une vidéo sur ses comptes X et TikTok qui a rapidement déclenché un tollé. Le montage alternait des images du dessin animé de la franchise Pokémon avec des séquences d'arrestations musclées de clandestins.
Le parallèle était renforcé par l'utilisation de la musique du générique de la série et du fameux slogan : « Attrapez-les tous ! » ou "Gotcha Catch them All ! " en anglais chanté par Jason Page.
L'analogie est jugée grossière et dangereuse :
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Déshumanisation : En comparant les migrants aux « monstres de poche » (pocket monsters, traduction de Pokémon), l'administration déshumanise et animalise les personnes en situation irrégulière. Cette stratégie vise à légitimer toutes les dérives, suggérant qu'il est moins grave d'user de violence contre des "pseudos-humains".
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Incitation : Le slogan, rendu célèbre par le jeu mobile Pokémon Go qui incite les utilisateurs à « chasser » des créatures dans l'espace physique, peut être perçu comme une invitation directe à la population à participer à la « chasse aux clandestins » comme s'il s'agissait d'un jeu.
Cette communication s'inscrit dans la lignée de l'opération récente à Chicago, baptisée « Midway blitz », où l'administration comparait déjà les migrants à des « criminels » et leur arrivée à une « invasion », utilisant le registre du monstre et du danger.
Le Parallèle renforcé par des Cartes Pokémon détournées
De fausses cartes Pokémon affichent les visages, non floutés, de personnes interpellées. (CAPTURE D'ECRAN / TIKTOK)
Pour accentuer la comparaison ludique et déshumanisante, le compte de l'administration a également publié des cartes Pokémon détournées. Sur ces cartes, des photos de migrants étaient affichées à la place des créatures, accompagnées de leurs faits présumés et de leur niveau de dangerosité. Chaque carte précisait que ces individus avaient été arrêtés et expulsés.
Nintendo sommée de réagir et de se désengager
Face au bad buzz et aux interpellations directes des internautes sur les réseaux sociaux, Nintendo ne pouvait rester silencieuse. L'entreprise japonaise, qui véhicule une image consensuelle et familiale, a réagi officiellement en déclarant qu'elle n'avait « jamais approuvé l’utilisation de la propriété intellectuelle qu’elle possède ».
Cette prise de distance est essentielle pour la marque, qui ne souhaite pas que ses licences soient associées à une politique aussi clivante et brutale.
Une action en justice peu probable
Malgré la violation de ses droits de propriété intellectuelle, il est peu probable que Nintendo poursuive l'administration américaine en justice. Le géant japonais aurait trop à perdre dans un conflit ouvert contre le gouvernement en place, dont la lutte contre l'immigration est une priorité nationale.
Cette utilisation débridée de la culture populaire à des fins politiques n'est pas une première. Il y a quelques mois, une autre vidéo des services de sécurité avait détourné une trend TikTok basée sur une publicité de la compagnie aérienne britannique Jet2 (la musique étant utilisée pour illustrer des vacances ratées) pour accompagner des images d'expulsions violentes, avec le slogan cynique : « Quand l’ICE vous réserve un aller simple Jet2 vers l’expulsion. »
Comme Nintendo, l'artiste derrière la musique originale avait pris ses distances, dénonçant un message de haine et de division. Ces incidents illustrent une stratégie de communication du gouvernement qui n'hésite pas à s'approprier et à pervertir les codes de la pop culture pour légitimer ses actions.
Conclusion du Rédacteur : Une Ligne Rouge à ne pas franchir
En tant que rédacteur du Petit Gamers Magazine, cette affaire entre Nintendo et l'administration américaine nous rappelle une vérité fondamentale de notre passion : le jeu vidéo est avant tout un espace de divertissement, d'évasion et de rassemblement.
L'utilisation d'une licence aussi emblématique que Pokémon – dont le slogan « Gotcha Catch them All ! » est censé encourager l'aventure et l'amitié – pour déshumaniser et inciter à la haine est non seulement une violation flagrante de la propriété intellectuelle, mais aussi une perversion totale de son message.
Nintendo a eu raison de réagir promptement pour se dissocier de cette polémique. Notre média s'engage à défendre les valeurs consensuelles et positives qui font la force du jeu vidéo. L'appropriation de nos codes par la politique pour des messages de division est une ligne rouge que nous ne pouvons accepter.
Le jeu doit rester un jeu. L'humanité doit rester l'humanité. Nous espérons que cet incident servira de jurisprudence morale et que nos univers resteront à l'abri de manipulations aussi dangereuses.
La communauté des joueurs doit rester vigilante pour protéger l'esprit de nos franchises.
Fabien - Nintend'Oz-Event
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