Game Over : Pendulo Studios ferme ses portes, emporté par le naufrage de Tintin Reporter

Publié le 13 octobre 2025 à 17:25

C'est un véritable crève-cœur pour les amateurs de point & click et de bande dessinée. Après plus de 30 ans de bons et loyaux services, Pendulo Studios – l'héritier spirituel de LucasArts à qui l'on doit les franchises cultes Runaway et Yesterday – a discrètement mis la clé sous la porte fin mars 2025.

La triste vérité est que leur dernière création, Tintin Reporter : Les Cigares du Pharaon, censée relancer la licence Tintin après le long silence qui a suivi Ubisoft, est devenue le dernier clou sur leur cercueil. Un Game Over amer, non seulement pour le studio, mais aussi pour les fans de notre reporter belge.


Le Lotus Bleu se fane : la malédiction Tintin

 

Le destin de Pendulo est indissociable de son éditeur, Microids, et de la sortie catastrophique de Tintin Reporter. Initialement prévu pour être le début d'une nouvelle série d'aventures, avec une suite basée sur "Le Lotus Bleu" déjà en ligne de mire, le jeu a été universellement haï par la communauté et la presse pour ses bugs, ses latences et ses problèmes de performance.

Que vous jouiez sur PlayStation, Xbox, PC, ou pire, sur Nintendo Switch où la situation était jugée insoutenable, l'expérience était brisée. Le rêve d'une relance vidéo ludique pour Tintin, si chère aux fans, s'est transformé en cauchemar technique.

Le couperet est tombé : selon MeriStation, personne n'est revenu dans les locaux de Pendulo depuis des mois, signant la fin d'une carrière entamée en 1994. D'anciens développeurs auraient même pointé du doigt les méthodes de Microids suite à ce lancement raté, menant à des licenciements.


Microids : un bilan éditorial en demi-teinte

La fermeture de Pendulo Studios est malheureusement la deuxième en peu de temps pour un partenaire de Microids.

Avant Pendulo, le studio Tower Five (à qui l'on devait pourtant l'une des plus belles réussites critiques de l'éditeur, Les Fourmis de Franck Webber) avait également fermé ses portes. Des studios comme Endroad, qui a travaillé sur le jeu Goldorak, ont également émis des retours très négatifs sur leur collaboration avec l'éditeur.

On ne peut s'empêcher de se poser la question : Pourquoi un tel traitement ? Les licences sont-elles trop coûteuses, laissant un budget de développement famélique ?

Microids est pourtant le champion des licences franco-belges, avec dans son catalogue des marques colossales comme Tintin, Goldorak, Cobra, Astérix et Les Schtroumpfs.


Le Cas Balio Studio : naviguer entre désastre et succès

Le contraste est frappant avec un autre acteur majeur du genre : Balio Studio.

Ce développeur maintient en 2024-2025 plusieurs jeux dans le top 5 des ventes de jeux franco-belges (notamment Les Sisters, Les Schtroumpfs et Totaly Spies). Balio est même en charge du très attendu jeu de plateforme Astérix & Obélix : Mission Babylone.

Pourtant, Balio n'est pas exempt de critiques, ayant également sorti des titres jugés désastreux (Le Puy du Fou, Fort Boyard, Titeuf Mega Party). Mais à la différence de Pendulo, Balio Studio parvient à maintenir le cap, mêlant succès exceptionnels et échecs industriels sans sombrer.

La triste fin de Pendulo Studios est donc le symbole d'un paradoxe : même le talent de vétérans n'a pas suffi à sauver un développement probablement asphyxié par les contraintes techniques et éditoriales. Un Game Over douloureux pour l'héritier de LucasArts, et un sérieux avertissement sur les risques liés au traitement des licences phares de la BD.


Conclusion : Pendulo Sombrait, Balio Nage en Eaux Troubles... et S'Ancre dans le Réel

 

La fermeture de Pendulo Studios est l'épilogue brutal d'une équation déséquilibrée : le talent historique du studio n'a pas survécu aux exigences d'une licence majeure (Tintin) et, vraisemblablement, à des conditions de développement précaires sous la houlette de son éditeur. Le studio s'est noyé dans un océan de bugs et de latences, prouvant qu'un seul naufrage commercial peut couler un navire de trente ans.

Pendant ce temps, Balio Studio évolue dans des eaux troubles similaires. Leur catalogue est un mélange étrange de grands succès commerciaux (Sisters, Schtroumpfs) et de catastrophes critiques (Puy du Fou, Fort Boyard). Balio réussit à survivre là où Pendulo a coulé. Comment ?

Là où Pendulo se concentrait uniquement sur la création de jeux, Balio a développé une stratégie d'ancrage social et communautaire. L'accueil régulier de groupes scolaires au sein de leurs locaux n'est pas un détail anecdotique :

  1. Image Positive : Cela crée une image de marque forte, proche de l'éducation et de la transmission, contrastant avec les critiques de leurs jeux les moins réussis.

  2. Soutien Local : Ce lien avec la communauté locale et éducative peut générer un soutien institutionnel et humain qui manque cruellement en cas de difficultés industrielles.

En clair, Balio Studio, tout en étant confronté à des défis de qualité dans ses productions, a construit un capital sympathie et une résilience locale qui protègent le studio des retombées les plus dures. Pendulo, l'artiste isolé, a succombé aux pressions du marché. Balio, l'acteur ancré dans le social, maintient le cap, prouvant que dans l'industrie actuelle des licences, la communauté et l'engagement hors-jeu sont parfois aussi vitaux que la qualité du code lui-même.

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