Le combat juridique qui oppose Nintendo et The Pokémon Company au développeur de Palworld, Pocketpair, prend un tournant inattendu au Japon. Alors que l'action en justice pour contrefaçon de brevets dure depuis le 19 septembre 2024, une récente décision du Bureau japonais des brevets (JPO) vient fragiliser la stratégie de Nintendo.
Le Brevet de "Capture de Créature" Rejeté pour Manque d'Originalité
Fin octobre 2025, le JPO a rejeté la demande de brevet n° 2024-031879 déposée par Nintendo. Ce brevet fait partie de la famille de systèmes de capture de créatures qui est au cœur de la plainte contre Palworld.
Le motif du rejet est clair : un manque d'originalité.
L'examinateur du JPO a cité une liste d'"art antérieur" prouvant que le concept n'était pas nouveau, notamment :
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Monster Hunter 4
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ARK: Survival Evolved
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Kantai Collection
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Craftopia (développé par Pocketpair lui-même)
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Pokémon GO
Ces jeux, sortis avant la date de priorité de décembre 2021 pour la demande rejetée, démontrent que les mécanismes de capture et de créatures montables ne sont pas des inventions uniques de Nintendo.
Un Impact Indirect, Mais Stratégique, sur le Procès
Bien que le brevet rejeté ne soit pas directement cité dans la plainte déposée devant le tribunal de district de Tokyo, cette décision a des implications stratégiques majeures :
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"Bloc de Construction Clé" (Key Building Block) : Selon l'analyste Florian Mueller, cette demande rejetée était un élément central de la stratégie de Nintendo visant à couvrir un large éventail d'implémentations de systèmes de capture.
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Menace sur les Brevets Liés : Le brevet rejeté est le parent du brevet JP7545191 et l'enfant du JP7493117, deux brevets qui, eux, sont cités dans la plainte contre Pocketpair. Si un composant central d'une famille de brevets est invalidé, cela augmente le risque d'examen minutieux ou de contestation de la validité des brevets associés.
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Renforcement de la Défense de Pocketpair : Ce rejet vient potentiellement étayer la stratégie de défense de Pocketpair, qui conteste la validité des revendications de Nintendo, plaidant que ces concepts sont génériques dans l'industrie du jeu vidéo.
À Noter : Le juge Motoyuki Nakashima, qui préside l'affaire, n'est pas lié par la décision du JPO, mais celle-ci pourrait influencer son jugement quant à l'originalité des systèmes de capture brevetés.
L'Affaire du Système de Monture : Un Autre Signe de Faiblesse
Un autre brevet central à la dispute, relatif à l'implémentation d'un système de changement de monture (JP7528390), a également montré des signes de tension.
En juillet, Nintendo a demandé à modifier ce brevet en plein milieu du procès, une manœuvre jugée inhabituelle par les experts. Ce type de modification en cours de litige suggère souvent que le plaignant craint que le brevet original ne soit jugé invalide.
La demande d'amendement, qui utilisait un langage vague, a d'ailleurs ralenti la procédure. L'issue du procès, initialement prévu pour 2025, est désormais attendue bien au-delà de 2026.
Nintendo a jusqu'à fin décembre 2025 pour amender ou faire appel de la décision de rejet du JPO, mais pour l'heure, la firme de Kyoto voit son offensive juridique contre le "Pokémon avec des fusils" considérablement fragilisée.
Fabien - Nintend'Oz-Event
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