TEST - Split Fiction : Si bon que ça ? (par Black Light)

Publié le 1 août 2025 à 12:00

Présentation Générale :

  • Titre du jeu : Split Fiction
  • Développeur / Editeur : Hazelight Studios (développement) / EA
  • Plateforme(s) : PS5, Xbox X/S, Switch 2
  • Date de sortie : 6 mars 2025
  • Genre : Action-aventure, plateformes coopératif à 2 joueurs
  • Tarif : 49,99€

Votre note :

Évaluation: 4 étoiles
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Préface

Split Fiction est un jeu vidéo d'aventure et de plateformes développé par le studio suédois Hazelight Studios et publié par EA Originals. Lancé le 6 mars 2025 sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series, il sera disponible sur Nintendo Switch 2 à partir du 5 juin 2025. Le jeu est proposé à un tarif moyen de 45,30 euros.

Dans Split Fiction, les joueurs incarnent deux écrivaines rivales, Mio et Zoé, piégées dans les mondes imaginaires qu’elles ont elles-mêmes créés. Ces univers fantastiques sont manipulés par un scientifique déterminé à exploiter leur créativité à son propre avantage.

Pour commencer, je précise que le jeu est un total succès commercial. En effet, il n’a eu aucun mal à rentabiliser ses quelques 100 millions de dollars (environ 90 millions d’euros) en seulement 2 mois. Ce succès a été, disons le, très amplifié par l'enthousiasme généré autour de l'idée d'un successeur au célèbre It Takes Two.
Cela étant dit, voyons ce que vaut le jeu !


Graphismes

Propulsé par l'Unreal Engine, le jeu offre une expérience visuelle fluide et saisissante. Bénéficiant d'une direction artistique de haut niveau, il a clairement été conçu pour en mettre plein la vue, et le résultat est au rendez-vous. L'alternance entre l'univers sci-fi de Mio et le monde fantasy de Zoé permet une grande liberté créative, offrant l'opportunité d'intégrer de nombreuses références savoureuses (ou au contraire, franchement questionnables). La richesse et la diversité des décors, ainsi que les changements d'ambiances, rendent le jeu visuellement captivant, même si certaines animations peuvent parfois sembler un peu saccadées.

Gameplay

 

Si vous envisagez de jouer à ce jeu, un conseil : ne choisissez pas un ami, encore moins votre petit frère ou enfant pour passer un moment agréable. Pourquoi ? Parce qu’au lieu de complicité, vous récolterez 10 heures de disputes. La raison est simple : la difficulté est extrêmement élevée. Ce n’est pas un jeu pour débutants. Imaginez un astronaute de la NASA, formé au calme et expert en jeux vidéo : voilà le profil idéal. Le jeu exige une précision chirurgicale : timings serrés, rapidité et maîtrise. Ironiquement, ce jeu "coopératif familial" rend la coopération familiale presque impossible.

Heureusement, tout n’est pas mauvais. Le gameplay est varié, exploitant au mieux les possibilités d’un jeu de plateforme. Les 15 heures de jeu se divisent en 4 phases principales (chute, plateforme, vol, boss), bien différenciées et intéressantes. Mention spéciale aux mécaniques uniques vers la fin, comme l’écran splitté qui bouge selon les joueurs, apportant une touche de nouveauté.

 

Mais voici le principal problème : peu importent les beaux graphismes ou les idées riches, si tout cela ne sert pas le gameplay, le résultat est décevant. C’est le cas avec Split Fiction. L’équipe, débordante de créativité, a voulu intégrer un maximum d’idées originales, mais cela a saboté la cohérence du jeu. Chaque niveau agit comme un univers isolé, ignorant les règles précédentes. Bien que cela offre de la diversité, cela nuit au sentiment de progression, essentiel dans tout jeu. Ce manque de continuité affecte le scénario et donne une impression de stagnation. Ce sentiment est amplifié par un level design peu intuitif, où l’on passe plus de temps à chercher des leviers obscurs et le bon chemin qu’à jouer réellement. La phase plateforme, en particulier, souffre : on avance en mourant des dizaines de fois jusqu’à trouver la bonne trajectoire. Cette frustration, dans un jeu coopératif, devient vite source de tensions.

 

Enfin, bien que le gameplay regorge de bonnes idées, elles ne servent pas toujours le joueur. Prenons les écrans splittés : visuellement impressionnants, ils induisent en erreur par des angles biaisés, compliquant inutilement les sauts. Ce choix esthétique, bien qu’audacieux, réduit finalement l’expérience de jeu au lieu de l’enrichir.

Bande Son

 

Le sound design du jeu est d’une grande finesse, bien qu’il accorde peu de place à la musique. Cela dit, le jeu dispose de sa propre bande originale, composée par Gustaf Grefberg. Pourtant, aucune des musiques n’a véritablement marqué les esprits. À mon avis, ce n’est pas une question de qualité de l’OST (bien au contraire), mais plutôt un problème lié à un autre aspect du jeu, que je développerai dans la section dédiée au gameplay.

Par ailleurs, je tiens à souligner un défaut récurrent dans de nombreux jeux à gros budget : les dialogues intempestifs, souvent creux ou même incohérents, des boss ou des personnages principaux. Ces échanges semblent insérés uniquement pour combler l’espace sonore et tenter de maintenir l’attention du joueur. Soyons clairs : non seulement cela ne fonctionne pas, mais c’est également particulièrement agaçant.

 

Histoire et narration

 

Un scénario ? Quel scénario ? Blague à part, il n'y a vraiment rien de drôle ici, c'est une véritable catastrophe : le scénario a tout simplement été jeté aux oubliettes.


Les personnages secondaires (essentiellement des boss) sont ternes et sans la moindre personnalité. Et quand cette personnalité existe, elle est uniquement liée au gameplay ou à l'idée du niveau, ce qui n'arrange rien. Ils sont complètement incohérents avec l'univers qui les entoure. Mais, en même temps, ce monde est tout aussi illogique qu’eux. Tout semble n'être qu'un simple remplissage, alors inutile d'espérer une quelconque attention aux détails. (Un conseil : regardez simplement où vous mettez les pieds, et vous verrez à quel point l'environnement défie toute logique.) Les backstories de Zoé et Mio, quant à elles, sont confuses et nous sont livrées de manière décousue. Déjà peu claires à la base, elles deviennent encore plus incompréhensibles dans leur mise en scène. À un tel point que, dès qu'un dialogue sur leur passé débute, on n’a qu’une seule envie : passer la séquence le plus rapidement possible. Et je ne parle même pas du mélange des genres, si chaotique qu’on ne sait jamais sur quel pied danser, ni des variations de ton incessantes qui rappellent des montagnes russes. (On passe d’un drame poignant sur la perte d’un être cher à un niveau de plateformes avec des cochons qui pètent des arcs-en-ciel.)


Le scénario est tellement bancal qu’il n’y a aucun objectif clair. Est-on censé détruire la machine ? S’échapper de la simulation grâce à l’imaginaire ? Mystère... Le jeu se limite à un "avance et ne pose pas de questions". Ce n’est qu’à la toute fin qu’on comprend vaguement qu’il faut détruire la machine et découvre comment y parvenir. Quant à la morale, elle est tout aussi creuse que le reste : l’amitié, c’est cool, et les méchants, c’est mal. Point final. Ne cherchez pas de profondeur, il n’y en a pas.

 

Mais comment pourrait-on s’investir dans un jeu où la logique est absente et où rien ne fait sens ? Comment s’intéresser à une histoire sans véritables enjeux ? Prenons l’exemple le plus criant : le scientifique, créateur de la fameuse machine et boss final. Présenté comme le dieu tout-puissant de cette matrice, il est en réalité ni menaçant ni charismatique. Juste... incompétent. Le simple fait de l’entourer d’un halo orange fluo ne le rend pas plus impressionnant. À aucun moment, il n’inspire la moindre crainte. Ses seules actions pour mettre en danger les héros consistent à leur lancer des objets à la figure et à donner quelques coups de sabre. Sérieusement ? Il est censé être omnipotent ! Il aurait simplement pu éteindre la machine ! Quel méchant digne de ce nom, après avoir conçu un plan machiavélique pour dominer ou s'enrichir, oublierait d’ajouter un bouton OFF ? Vraiment ? Cela tue immédiatement toute immersion pour le joueur.


Cet échec global s’explique facilement : vouloir entasser 40 000 idées de gameplay sans chercher à les rendre cohérentes entre elles finit forcément par faire sombrer le reste du jeu. Et malheureusement, c’est exactement ce qu’il s’est passé ici.

 

Durée de vie et rejouabilité

Le jeu propose une durée de vie d’environ 10 heures, ce qui est généralement très honorable pour un jeu de plateforme. Malheureusement, dans ce cas précis, cela ne fait qu’étendre l’expérience frustrante jusqu’à la conclusion. Bien que des mondes présentés comme "annexes" soient inclus au sein des niveaux, ils ne méritent pas vraiment ce terme, car ils sont impossibles à manquer. Leur absence de cachette prive le joueur de toute sensation de découverte ou d’exploration. Par conséquent, le jeu souffre d’un manque total de rejouabilité.

Eléments techniques

Le jeu offre une fluidité remarquable, même lorsqu'il exploite pleinement les capacités de l'Enreal Engine. Rien à redire de ce côté-là, c'est une véritable prouesse technique.


Cependant, un point crucial semble ignoré par la plupart des critiques : les bugs sont omniprésents. Les problèmes de collision, en particulier, sont récurrents. Voir ce qu’il y a derrière les murs par inadvertance reste tolérable. Mais se retrouver coincé dans une racine, obligeant à redémarrer tout un niveau pour continuer, est une toute autre affaire.

 

Ce genre de problème brise complètement une immersion déjà fragile. Et que dire de cette fois où le jeu a carrément fait planter la console entière ? Une expérience frustrante, pour le moins.

Accessibilité

Une interface à la fois classique et performante. Un design sans fausse note.

Sentiment du testeur

Personnellement, j'ai eu plusieurs approches vis-à-vis de Split Fiction. J'ai découvert le jeu pour la première fois sur Twitch, puis j'y ai joué moi-même avec un ami, et enfin, je me suis refait un let's play entier sur YouTube pour le test.

Les trois duos sont très différents : le premier jouait avec son ado, je jouais personnellement avec un partenaire très à l'aise avec les jeux de plateformes, et le dernier était un couple modérément à l'aise avec les plateformes. Il est très intéressant de comparer les trois expériences.

J'explique : personnellement, je pensais que mon groupe, plus à l'aise avec le genre, aurait un avis beaucoup plus positif que les deux autres duos, car je pensais que la frustration du jeu était surtout liée à la difficulté.

En fait, pas du tout.

Au final, après avoir comparé mon expérience avec celles des deux autres groupes, tout le monde avait la même réaction. Tout le monde a remarqué que de grands efforts ont été faits pour proposer un renouveau dans le genre, de magnifiques ambiances, mais, au final, surtout de la frustration à chaque niveau, des tensions avec son/sa partenaire, aucun intérêt envers le scénario, et très vite, un fort découragement. 

Critère Note
Graphismes 9/10
Gameplay 4/20
Bande son 5/10
Histoire et narration 1/10
Accessibilité 6/10
Elements techniques 5/10
Durée de vie et rejouabilité 3/10
Sentiment du testeur 8/20
Total 41/100

Conclusion

 

Split Fiction se démarque par une richesse incroyable en termes de gameplay varié et d’ambiances visuelles, toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Cependant, cette ambition artistique semble s’être faite au détriment d’éléments essentiels au jeu, notamment le level design et le scénario. Le résultat ? Un jeu visuellement impressionnant, mais pratiquement injouable, sauf si les deux joueurs ont une coordination parfaite et une expérience solide dès les toutes premières minutes.


Le principal objectif d’un jeu coopératif – à savoir, renforcer les liens entre les joueurs en partageant une aventure immersive – est tout simplement manqué. Pour résumer, jouer à Split Fiction revient à conduire dans un open world magnifique, mais avec un véhicule impossible à maîtriser. Le jeu échoue à répondre à ce qu’on attend de lui.

 

Rédigé par Black Light



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