50 ans de Goldorak au Japon

Publié le 5 novembre 2025 à 23:28

Lorsqu’il apparaît sur Fuji TV le 5 octobre 1975, UFOロボ グレンダイザー (alias Grendizer - Goldorak en France) s’inscrit dans la lignée directe des créations de Go Nagai, père de Mazinger Z et Great Mazinger. Conçu à l’origine comme une troisième itération de cette saga robotique, Grendizer rompt pourtant avec ses prédécesseurs par son ton plus sombre et mélancolique. Son héros, Duke Fleed, prince exilé d’une planète détruite, devient le symbole d’un Japon partagé entre fascination pour la technologie et hantise de la guerre.

L’univers du « super robot » reflète alors une réalité historique : celle d’un pays encore marqué par la Seconde Guerre mondiale, la menace nucléaire et la crainte d’une nouvelle invasion. Derrière les combats spectaculaires, Grendizer parle de résistance, d’exil et de reconstruction. Le robot géant, arme de défense plutôt que de conquête, incarne une puissance protectrice, à la fois technologique et morale.

Le générique japonais, とべ!グレンダイザー (Tobe! Grendizer), chanté par Isao Sasaki sur une musique de Shunsuke Kikuchi, résume parfaitement cet esprit : un appel au courage collectif, héroïque et martial. Dans un Japon où l’animation explose déjà — plus de 60 séries nouvelles chaque année —, Grendizer séduit un large public, atteignant jusqu’à 27 % d’audience, sans toutefois devenir un phénomène durable. La logique télévisuelle japonaise, tournée vers la nouveauté, ne laisse guère de place aux rediffusions : contrairement à la France, où il deviendra culte, Grendizer ne sera quasiment jamais reprogrammé.

Son succès se manifeste cependant dans la culture populaire : figurines, maquettes et surtout les célèbres jouets Jumbo Machinder de 60 cm, produits par Popy, deviennent des icônes du jouet japonais des années 1970. Ces géants articulés, faits de plastique coloré, incarnent la puissance du héros mécanique et marquent toute une génération de collectionneurs.

Entre 1975 et 2025, Grendizer reste discret à la télévision japonaise, éclipsé par des titres plus locaux comme Doraemon, Sazae-san ou Gundam. Mais il conserve un statut d’œuvre respectée dans l’histoire de l’animation, souvent redécouverte par les amateurs de mécha et célébrée dans les expositions dédiées à Go Nagai.

Son héritage renaît spectaculairement avec le reboot « Grendizer U » (2024), coproduit par Go Nagai et le studio Gaina. Cette série réinvente le mythe avec un style moderne et une animation spectaculaire. Accueillie favorablement par la critique japonaise, elle a suscité un regain d’intérêt médiatique et de ventes de produits dérivés. Les audiences télévisées sont modestes, mais la série trouve son public sur les plateformes de streaming et auprès des nostalgiques, confirmant que, cinquante ans après, le roi de l’espace continue de briller.

Par Simon (Les années récré)


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