L'affaire Charlie Kirk : le Gamergate s'attaque aux développeuses, les géants du jeu vidéo plient face à la pression

Publié le 19 septembre 2025 à 10:02

Depuis plus d'un an, le monde du jeu vidéo est au cœur d'une nouvelle guerre culturelle. Un mouvement se réclamant parfois du Gamergate utilise les réseaux sociaux pour cibler développeurs et éditeurs, qu'il juge « trop woke » et responsables d'un déclin de la qualité des jeux. Le 10 septembre 2025, l'assassinat de Charlie Kirk, figure de l'extrême droite américaine, a agi comme un détonateur, déclenchant une vague de pression coordonnée qui a visé plusieurs professionnelles du secteur.


Le cas Caravan SandWitch : un éditeur sous pression

 

La première victime de cette offensive a été le studio français derrière le jeu indépendant salué par la critique, Caravan SandWitch. Le 12 septembre, à l'occasion du premier anniversaire du jeu, le compte officiel a publié un message provocateur en référence à l'attentat : « Un an après la sortie de Caravan SandWitch ! Un fasciste a même eu droit à un 360 noscope. Quelle semaine ! ».

Le titre, primé aux Pégases 2025 pour son excellence, ne cachait pas ses engagements politiques, prônant l'inclusion et critiquant le capitalisme. Mais ce tweet a été le point de départ d'une nouvelle campagne de harcèlement menée par Grummz, un ancien développeur de Blizzard et figure influente du Gamergate. La pression est montée jusqu'à l'éditeur Dear Villagers, qui a publié un communiqué désavouant les propos de son studio partenaire, tout en condamnant « fermement les discours de haine et tout appel à la violence ». Un message qui souligne la position délicate de l'éditeur pris entre sa liberté de création et le risque de boycott.


Sony et Microsoft : le scénario de la soumission

 

Le même scénario s'est répété, avec des conséquences bien plus graves. Chez Sony PlayStation, la développeuse Drew Harrison, forte de plus de dix ans d'expérience chez Sucker Punch Productions (Ghost of Yotei), a publié un message crypté sur ses réseaux sociaux, faisant référence à la mort de Charlie Kirk. La blague lui a coûté son emploi. Sous la pression du Gamergate, Sony a confirmé son licenciement à Kotaku, faisant plier une employée modèle. De son côté, Drew Harrison a affirmé sans regret : « Si m’opposer au fascisme m’a coûté le travail de mes rêves que j’ai occupé pendant 10 ans, je le referais avec 100 fois plus de force. »

Chez Microsoft, plusieurs développeuses de Blizzard ont également commenté la mort de Charlie Kirk. « Charlie Kirk est mort dans le monde qu’il a contribué à créer » a été l'un des messages les plus repris. Grummz et le Gamergate ont de nouveau orchestré une campagne de harcèlement, visant, il est important de le souligner, exclusivement des femmes dans tous ces cas. Le 12 septembre, Microsoft a publié un message désavouant les propos de ses employées, tout en affirmant que les commentaires faisant l’apologie de la violence sont « inacceptables et contraires à nos valeurs ». L'ironie n'a pas échappé aux observateurs, qui soulignent que Microsoft fait par ailleurs face à des critiques de ses propres employés pour l'aide technologique qu'il apporte à l'armée israélienne.


Square Enix, la résistance et un silence lourd de sens

Dernière cible en date : Kate Cwynar, responsable de la localisation de Final Fantasy XIV, un MMORPG de Square Enix. Harcelée depuis plusieurs semaines par le Gamergate, elle a fait face à un nouveau déchaînement après avoir commenté la politique de modération du réseau social Bluesky concernant la mort de Charlie Kirk. Ses messages, depuis effacés, faisaient suite à un message de soutien aux personnes trans. La campagne a été largement relayée par des personnalités influentes comme Asmongold, Grummz et même Elon Musk, mais à ce jour, Square Enix n'a pas réagi publiquement.


Conclusion : une escalade dangereuse

 

Les actions de Sony et Microsoft ne sont pas des cas isolés ; des dizaines d'Américains ont été licenciés dans d'autres domaines pour des motifs similaires. La capacité du Gamergate à orchestrer des campagnes coordonnées sur les réseaux sociaux pour faire pression sur de grandes entreprises et obtenir le licenciement d'employés est une escalade dangereuse.

En pliant face à ces demandes, les géants du jeu vidéo établissent un précédent inquiétant. Ils envoient le message que la pression médiatique, même orchestrée par des figures controversées, peut avoir des conséquences directes et immédiates sur la carrière d'individus. Le silence de Square Enix, dans ce contexte, est un point de repère qui montre qu'il est encore possible de ne pas se soumettre. La liberté d'expression semble être aujourd'hui à la merci des réseaux sociaux, avec des conséquences professionnelles pour ceux qui osent afficher leurs opinions.

 

Fabien - Nintend'Oz-Event

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