
Quand l'accusation de plagiat se transforme en guerre de genres
Il y a neuf mois, le monde du jeu vidéo a été secoué par l'annonce de Light of Motiram, un jeu mobile sous l'égide de Tencent. Pour des millions de joueurs et pour Sony, le constat était sans appel : le titre ressemblait trait pour trait à la saga Horizon. Devant ce qui semblait être un plagiat éhonté, le constructeur japonais a pris les mesures judiciaires nécessaires. Mais après des mois de silence, le géant chinois a organisé sa contre-attaque, transformant cette affaire de plagiat en un débat sur la propriété des genres dans l'industrie.
Le plagiat qui a mis le feu aux poudres

Dès la diffusion du premier trailer de Light of Motiram, le ressemblance avec l'univers d'Horizon a sauté aux yeux. L'héroïne, l'univers post-apocalyptique peuplé de créatures robotiques inspirées de la faune, et même les mécaniques de combat semblaient calqués sur la création de Guerrilla Games. Pour Sony, il était impossible de laisser passer une copie aussi flagrante, et l'entreprise a déposé une plainte pour violation de propriété intellectuelle. Mais la réponse de Tencent, relayée par The Game Post, a rebattu les cartes du procès.
La contre-attaque du dragon : "Et Zelda alors ?"

La défense de Tencent n'a pas cherché à nier les ressemblances, mais plutôt à invalider la plainte elle-même. Dans sa réponse, l'éditeur chinois accuse Sony de ne pas lutter contre le piratage, mais de vouloir s'approprier un genre entier.
« Au fond, l’action de Sony ne vise pas à lutter contre le piratage… Il s’agit d’une tentative inappropriée de délimiter un secteur bien connu de la culture populaire et de le déclarer domaine exclusif de Sony. »
Pour prouver ses dires, Tencent a pointé du doigt l'affirmation de Sony selon laquelle l'univers d'Horizon serait unique en son genre. La défense a alors rappelé que les développeurs de Guerrilla eux-mêmes ont comparé leur jeu à d'autres titres lors de documentaires de développement, citant notamment Enslaved: Odyssey to the West.
Plus encore, la liste des jeux évoqués par Tencent pour démontrer le caractère générique des éléments d'Horizon est longue et prestigieuse : The Legend of Zelda: Breath of the Wild, Far Cry: Primal, Far Cry: New Dawn, Outer Wilds, et Biomutant. L'éditeur a martelé son argument : Sony tente de transformer des ingrédients omniprésents du genre en une propriété intellectuelle, cherchant à « obtenir un monopole inadmissible sur les conventions du genre ».
Une guerre qui s'étend au-delà des frontières
Cette confrontation légale est symptomatique d'une période de tension dans l'industrie du jeu vidéo. Alors que Sony et Tencent, deux des plus grands éditeurs, s'affrontent sur la définition de la propriété intellectuelle, Nintendo se retrouve lui aussi dans un litige similaire. Le géant japonais est en procès avec son compatriote, Pocket Pair, accusé de plagiat pour son jeu de capture et de combat de monstres.
La guerre est donc bien déclarée entre les éditeurs de jeu, avec des batailles qui ne se limitent pas à une seule nation, mais qui opposent désormais les plus grands acteurs du marché.
Conclusion : Le précédent d'une bataille de titans
Le procès de Light of Motiram ne se résume plus à une simple affaire de plagiat. Il pose une question fondamentale : jusqu'où peut-on protéger l'identité visuelle et les mécaniques d'un jeu avant qu'elles ne deviennent des conventions de genre ? La défense de Tencent, à la fois osée et stratégique, transforme ce qui aurait pu être une victoire facile pour Sony en une bataille juridique complexe. Le résultat de ce bras de fer entre deux titans de l'industrie du jeu vidéo créera un précédent majeur pour tous les développeurs et éditeurs, et il est attendu avec impatience par tous.
Fabien - Nintend'Oz-Event
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