Quand j’étais enfant, j’étais fasciné par ces films qui mêlaient acteurs réels et animation, que j’appelais naïvement des « films-dessins-animés ». Je pensais à Mary Poppins qui se promène dans un décor illustré, ou au dragon de Peter et Elliott qui surgit dans un monde bien réel. Ce genre, rare parce que coûteux et complexe, porte aujourd’hui un nom : le film hybride. L’arrivée de la 3D a banalisé l’exercice, mais lui a fait perdre une partie de sa poésie.
Dans cette sélection, je me concentre donc sur les œuvres réalisées « à l’ancienne », avec une animation traditionnelle intégrée image par image aux prises de vues réelles.
Des premiers essais des frères Fleischer dans Out of the Inkwell (1919) aux Alice Comedies de Disney dans les années 1920, les pionniers posent les bases du mélange des deux mondes. Les années 1940 marquent une étape décisive : Donald danse avec Aurora Miranda dans Les Trois Caballeros, Gene Kelly partage l’écran avec Jerry dans Escale à Hollywood, et Disney perfectionne l’intégration dans Mélodie du Sud ou Danny, le petit mouton noir.
Les années 1960-1970 offrent des classiques inoubliables comme Mary Poppins, exploit technique majeur, et L’Apprentie Sorcière, dont la séquence animée reste un modèle du genre. D’autres films plus modestes comme Dunderklumpen (le coffret d'or) ou Peter et Elliott le dragon poursuivent l’expérimentation.
En 1988, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? révolutionne tout : interaction crédible entre acteurs et toons, caméras en mouvement, contraintes techniques titanesques et animation d’une précision folle. Par la suite, l’hybride prend d’autres formes : univers délirant dans Cool World, clin d’œil cartoon dans Last Action Hero, puis triomphe pop-culturel avec Space Jam (1996).
Le procédé réapparaît ensuite ponctuellement au cinéma (Miss Potter, (500) jours ensemble, The Diary of a Teenage Girl,Deadpool), à la télévision (de Récré A2 à l’émission Disney Dimanche), ou encore dans les clips — du mythique « Take On Me » d’A-ha aux "Opposites Attract" de Paula Abdul.
Un siècle d’expérimentations où l’animation traditionnelle a côtoyé le réel pour créer des instants de magie pure — souvent complexes à produire, mais toujours uniques.
Par Simon (Les années récré)
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